À l’heure où la sécurité, l’unité et la souveraineté de notre nation demeurent gravement menacées par l’agression rwandaise, je me permets de m’adresser à vous qui incarnez le leadership de ce pays. Mon objectif est de vous rappeler le rôle crucial que vous devez jouer en cette période critique, mais surtout les responsabilités écrasantes que l’histoire jugera à l’aune de vos actes, de vos choix et de vos décisions.
Depuis un certain temps, en dépit de la guerre par procuration menée par le Rwanda via les rebelles du M23, la classe politique congolaise reste fracturée par une division indescriptible, teintée d’une méfiance palpable envers la population civile. D’une part, la majorité présidentielle, par la volonté du chef de l’État, cherche à tout contrôler et à monopoliser l’action publique au mépris des autres forces vives. D’autre part, l’opposition s’évertue à obtenir à tout prix le départ du président de la République, dont le mandat touche presque à sa fin.
De cette guéguerre stérile naissent confusion et nonchalance. Pendant ce temps, les rebelles progressent sur tous les fronts militaires, tuant, pillant et détruisant habitations, écoles et hôpitaux. Certains opposants peinent à condamner ces atrocités ou à interpeller la communauté internationale, se limitant à imputer la responsabilité de la situation au seul chef de l’État et au gouvernement, sans jamais cibler nommément les auteurs de ces crimes. À ce jour, seuls Martin Fayulu et le Docteur Denis Mukwege semblent dénoncer et condamner systématiquement ces actes ignobles.
Certains sont même allés jusqu’à insinuer que les revendications des rebelles, ou du moins leurs actions, feraient écho aux aspirations du peuple congolais.En parallèle de ce conflit, le pouvoir sombre dans une gouvernance délétère, une version aggravée de ce qu’il condamnait hier. La caisse de l’État est saignée à blanc ; le tribalisme, le népotisme, la corruption et le détournement de deniers publics battent leur plein dans les couloirs du pouvoir. Pendant ce temps, le peuple croupit dans une misère pitoyable et une indifférence inacceptable. Les politiciens s’intéressent au pouvoir pour le pouvoir, ignorant ce qui le constitue fondamentalement : le territoire et le peuple.
Face à cette situation alarmante et à la menace qui pèse sur l’intégrité de ce qui forme le Congo, je vous exhorte à une prise de conscience collective, citoyenne et patriotique, qui prime les intérêts supérieurs de la nation. Je vous appelle, tout en condamnant les dérives de part et d’autre, à regarder dans la même direction.
Mettez de côté vos divergences politiques et mobilisez-vous autour des valeurs républicaines pour sauver le Congo. Détrompez-vous, le Rwanda nous mène une guerre de prédation territoriale, et il est préparé à cette lutte jusqu’à atteindre ses objectifs. Pour nous fragiliser, il sème la division parmi nous ; nous tombons trop souvent dans son piège, exacerbé par notre propre mauvaise gouvernance qui nous divise davantage. Il est impératif de souder nos efforts pour remporter cette lutte vitale. L’heure n’est pas aux rejets de responsabilités.
Nous sommes conscients, et sans complaisance, que la gouvernance de Monsieur Tshisekedi est, jusqu’ici, une version « améliorée » de tout ce qui était reproché à son prédécesseur, Joseph Kabila.
Formez un front patriotique uni pour sauvegarder l’unité nationale. Avant même la convocation d’un éventuel dialogue national, parlons d’une seule et même voix sur la question du Congo, car il reste notre unique dénominateur commun. Chercher à nous diviser pour accéder au pouvoir alors que l’intégrité territoriale est menacée de balkanisation, c’est ignorer la cause profonde de vos luttes. Tshisekedi et son régime prédateur passeront, mais le Congo restera. Maintenant que le territoire est sous forte menace, nous devons lutter de concert pour le départ constitutionnel du régime Tshisekedi, tout en garantissant l’unité de notre territoire et l’inviolabilité de nos frontières. Vous risquez de lutter pour le départ de Tshisekedi et, sans le savoir, cautionner la balkanisation de la RDC. Il ne faudrait pas que Tshisekedi parte avec une partie de notre territoire. S’il doit partir, il partira démocratiquement, seul, sans amputer le Congo.
Je vous appelle à la conscience : le monde vous observe. Ayez une vision commune sur le Congo, en dépit de vos divergences.Votre lutte contre la mauvaise gouvernance du régime en place peut et doit continuer, mais elle doit s’opérer tout en restant pleinement mobilisés contre la guerre qui nous est imposée par le Rwanda.
Si vous aspirez à voir Tshisekedi partir démocratiquement tout en observant un Congo préservé dans toutes ses limites et frontières, c’est le moment de vous unir pour lutter dans la même direction en ce qui concerne l’intégrité de notre pays. Des erreurs ont été commises, oui, y compris dans la coordination de cette guerre, mais pour le moment, la priorité absolue est la mobilisation pour la victoire finale. Nous aurons tout le loisir de revenir sur ces erreurs plus tard.
Très cher Président Tshisekedi, il est temps de dépasser votre égo. Soyez attentif aux observations, même celles formulées par ceux que vous considérez comme vos opposants. Ce pays nous appartient à tous, il n’est pas votre propriété exclusive. Vous avez intérêt à les écouter pour la cause supérieure du Congo et surtout de son unité. Mettez de côté l’orgueil du pouvoir – bien que cela soit humainement compréhensible – et faites preuve de l’humilité dont vous avez toujours su faire montre lors de certains événements cruciaux. Pensez au Congo et à son unité, pas à votre pouvoir, car il passera, mais le Congo restera un et indivisible.
La convocation d’un dialogue national dans ce contexte revêt une importance capitale pour sauvegarder notre unité. Évitez d’écouter les « fous du pouvoir », ces flatteurs professionnels. Tenez, ils étaient avec Mobutu, puis Kabila, chantant leurs louanges. Aujourd’hui ils insultent Kabila. Demain, ils s’acoquineront avec votre successeur et vous insulteront à votre tour.* *Monsieur le président, je vous appelle à votre conscience républicaine, citoyenne et patriotique.
Mes très chers compatriotes, ce message se veut une interpellation ferme : la question de l’unité et de la souveraineté du Congo n’est pas l’apanage d’un seul clan au pouvoir, quel qu’il soit. C’est une question nationale qui exige une mobilisation citoyenne de tous les Congolais, soudés derrière la République, et non derrière un régime politique.
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